Justice et Lois Esroliennes [extrait du cours du sage de mon village]

27/01/2009 20:56

 

Mes chers enfants, retenez surtout que la justice relève du sacré. Elle est basée sur la jurisprudence divine, et les droits et les devoirs de chacun sont déterminés par les actions des dieux et des déesses avant que le temps ne commence. Quoi de plus naturel, alors, que ce soit les sages gris de Lhankor Mhy qui la rendent ? Celui qui connaît les histoires est le plus à même de distinguer le bien du mal. Toutefois rien ne remplace la suprême intuition féminine et il est toujours conseillé dans ses décisions par trois femmes : les représentantes d'Asrélia, d'Ernalda et de Voria.


Nous distinguons deux types de droit : le droit commun et le droit commercial. Le premier, qui est appelé " Règles du Jardin ", est le plus important. Il recouvre tous les aspects de la vie quotidienne et c'est celui que vous devez connaître. Le second est réservé aux transactions commerciales, comme son nom l'indique, et, je crois qu'une autre que moi viendra vous en parler sous peu.


En premier lieu, vous devez savoir qu'un homme ne peut être jugé que par ses pairs, les seules qui sont à même de comprendre les motivations qui ont guidés ses actes. C'est pourquoi la justice est rendue par le clan auquel appartient l'accusé. Cette règle fut instaurée par Ernalda, bénie soit sa sagesse, en réaction aux règles iniques qu'imposa l'Empereur à notre Tribu durant l'Age Dorée.
Toutefois, il est des cas si grave, comme le meurtre que les autorités locales peuvent déroger à cette règle et juger immédiatement celui qui s'en est rendu coupable.


Comme la rune de terre possède quatre coins, on distingue quatre types de crimes. Dans l'ordre, du plus bénin au plus grave, on compte le vol, l'enlèvement, les coups et blessures et l'homicide. La règle du jardin dit a peu près ceci : 'Âme pour âme, oeil pour oeil, dent pour dent, main pour main, pied pour pied'. Comme l'a dit la déesse, bénie soit sa rectitude : 'Si l'on inflige à autrui le mal qu'il a fait subir, ce n'est que stricte justice.' Eh oui !
Mais, comme vous vous en êtes peut être déjà rendu compte, mes enfants, la vie n'est pas si simple. Auquel cas, on pourrait rendre la justice soi-même, n'est ce pas ? Ah, ah ah, ce serait l'anarchie ! La débandade de la civilisation ! C'est pourquoi il faut toujours passer par les instances compétentes et les sages qui savent discerner le vrai du faux.


Un jour la déesse, bénie soit sa bonté, dit également à son mari : 'La violence entraîne la violence.' Et c'est en méditant sur cette sage parole que les sages délibèrent de la punition à infliger. Ainsi, l'homicide n'est pas toujours puni par la mort. Suivant les circonstances - et le rang social comme vous vous en êtes sûrement déjà rendu compte - de la victime, la punition peut être l'exil ou la servitude. La vie est chose sacrée, voyez vous, et on ne peut l'ôter comme cela. Les deux premiers crimes - enlèvement et vol - se soldent généralement par des amendes, une servitude limitée ou un exil clanique limité. Par contre, les coups et blessures se soldent généralement par l'administration au coupable de l'exacte réplique de ce qu'il a fait subir à sa victime. La punition est d'ailleurs appliquée par la victime elle-même lorsque cela est possible. Bien évidemment, il faut qu'elle en soit capable, sinon elle a le droit de désigner quelqu'un pour la remplacer. Par cette pratique, nous réduisons les risques de vendetta entre les familles. Hum, humrh, hum.
Enfin, certains crimes sont jugés si graves qu'on les porte devant la cour tribale. C'est souvent le cas pour les homicides. De plus, un homme libre qui n'est pas en accord avec la décision clanique peut porter son affaire devant la cour tribale. Il a toutefois intérêt à avoir de bonnes raisons car mettre en doute la parole des juges est très grave. S'il n'obtient pas réparation auprès de la cour tribale, il risque l'exil temporaire de son clan.


Ah, oui ! Je mets également au nombre des lois les plus sacrées de l'Esrolie, l'hospitalité. C'est au nom de cette loi que la belle Esrola, bénie soit sa générosité, nous accueillit dans son jardin. L'Esrolie a toujours été accueillante aux voyageurs depuis Flamal. Les commerçants, les devins, les missionnaires, les gens de sciences y ont toujours été les bienvenus. L'hospitalité esrolienne est légendaire. Ne dit on pas au Pays d'Héort 'accueillante comme une veuve esrolienne ?'
En réalité, dans tout étranger qui vient frapper à votre porte, faites comme si vous voyiez venir un dieu, c'est la bonne attitude à adopter. Traitez le avec tous les égards, offrez lui du pain, un toit, un lit. Si c'est un homme, il vous en sera reconnaissant, soyez en certains ! Si c'est effectivement un Dieu... et bien il le sera également, espérons le ! Toutefois, malheur à ceux qui, ayant reçu les paroles de bénédiction, le pain, le vin, le sel et la couche d'un Esrolien trahiraient sa confiance. Comme l'a hurlé Babeester Gor, bénie soit sa pugnacité, 'Vole la confiance, tu auras cadeau d'une hache entre les omoplates.'

 

 

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