LA RÉGLE DE MAÂT, PHARAON ET LA SOCIÉTÉ

27/01/2009 21:02

Maât, source et but de la monarchie pharaonique



La mission essentielle de Pharaon est de mettre Maât à la place du désordre et de l'injustice. L'État et la civilisation pharaonique reposent sur cette base intangible, et toutes les activités  ont Maât pour référence. La respecter, c'est vivre en harmonie; la trahir, se condamner soi‑même aux ténèbres. L'équilibre de la société repose sur le lien permanent entre Maât et Pharaon, son repré­sentant sur terre.

Qu'est‑ce‑que Maât ? On pourrait traduire le mot par « rec­titude », à condition d'inclure dans cette notion la sagesse, les rites, le droit, la morale, la vérité, la justice, l'ordre, la scien­ce, le gouvernement des hommes, l'harmonie éternelle de l'univers; Maât est tout cela, sans dissociation entre ces divers éléments.

Dire et faire Maât, telle est l'activité quotidienne de Pharaon, qui place cette Règle en son cœur pour gouverner.

L'État pharaonique fut créé pour réaliser Maât et rendre habi­table le monde des hommes ; Pharaon ne peut être un tyran, car sa volonté est Maât et il ne peut vouloir autre chose que Maât. Hors de cette volonté, le monde sombre dans le chaos, l'ambition individuelle, le mal et la violence; à la place de Maât règne la loi du plus fort.

Pharaon n'est pas au‑dessus de Maât; il est son serviteur. Aussi n'intervient‑il pas dans les affaires judiciaires, aussi doit‑il protéger le faible du fort. C'est parce qu'elle est liée à Maât que l'institution pharaonique est le plus durable des régimes politiques.

En langue hiéroglyphique, Maât est incarnée par le socle du trône, la rectitude par excellence; Maât est à la fois la justesse de l'univers et celle du comportement du monarque. En pratiquant Maât, Pharaon met en œuvre une puissance essentielle, clé du bonheur des hommes: la solidarité. Solidarité de Pharaon avec le divin, solidarité de la communauté des hommes avec le sacré, solidarité de Pharaon avec le Pays Saint entier, solidarité des hommes entre eux.

Incarnant Maât, Pharaon en fait percevoir la réalité à son peuple. Le corps du roi est constitué de tous les dieux, il est l'être communautaire par excellence, garant de la cohérence et du bonheur du pays. C'est pourquoi les textes comparent Pharaon à un refuge, à une salle fraîche en été, à un lieu chaud en hiver, à un rempart contre le mal.
 


La règle de Maât, pharaon et la société



Habité par sia, « l'intuition créatrice », et par hou, « Le Verbe nourricier », Pharaon est un être symbolique, apte à fra­terniser avec les dieux, qui porte des couronnes considérées comme des êtres vivants. Identifié au soleil, il rayonne, vit de Maât et fait offrande aux dieux et à l'invisible pour que le malheur et la tyrannie n'envahissent pas la terre.

Le destin de Pharaon est tout tracé: une puissance créatri­ce s'incarne dans un individu qui lui sert de support pendant son existence terrestre, au cours de laquelle il maintient des liens entre l'invisible et le visible, l'au‑delà et l'ici‑bas, et applique la règle de Maât. À sa mort, il retourne dans la lumière d'où il est issu et vit éternellement en compagnie de ses frères les dieux.
À la tête de l'État règne un couple, formé de Pharaon et de la « grande épouse royale », dont l'un des titres principaux est « Celle qui voit Horus et Seth », autrement dit les frères ennemis réunis dans le même être, le roi du Pays saint. La reine joue un rôle considérable, tant spirituel que matériel.

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