JUSTICE ET ADMINISTRATION

27/01/2009 21:18

La justice et l'administration



De l'omniprésence de Maât découle l'importance que les habitants du Pays saint accordent à la justice. Si Pharaon est l'intime de la déesse Maât, son fils spirituel, le vizir, en est le bras agis­sant. Au sommet, Maât elle‑même, justesse divine que les égarements humains ne peuvent altérer; grâce à son union avec Maât, Pharaon peut promulguer les « décrets » (oudjou), que le vizir et son administration ont pour devoir de faire appliquer. C'est pourquoi la fonction du vizir est « amère comme le fiel », car il se heurte sans cesse aux malversations et aux bassesses humaines. Au bas de l'échelle, les « lois cou­tumières » (hepou), qu'il faut périodiquement réformer, dans la mesure où elles deviennent archaïques et injustes.

Homme et femme, pauvre et riche sont égaux devant la loi; en l'absence d'avocats, chacun plaide sa cause devant le tri­bunal du village puis, si nécessaire, devant celui de la ville la plus proche. Si le jugement n'est pas considéré comme défi­nitif et satisfaisant, il est possible à un simple citoyen de remonter jusqu'au tribunal du vizir et de se faire entendre. On connaît une affaire qui fut traitée sur plusieurs générations, jusqu'à ce que la vérité fût établie, car cette vérité était le but primordial de la justice égyptienne. Il n'existe pas une autorité quasiment intangible de la « chose jugée ». En cas d'élément nouveau, la procédure recommence ou continue.

Le rôle du vizir et de l'administration judiciaire consiste à protéger l'individu, si faible fût‑il, contre tout abus de pouvoir de l'État. Les sentences sont publiques, les tribunaux sié­gent souvent à la porte des temples. Serment et parole don­née ont une valeur considérable, à commencer par celle du vizir en personne, qui jure de respecter la Règle de Maât, dont il est le serviteur. Le texte des « devoirs du vizir » montre à quel point la fonction est considérée comme vitale et sacrée pour le bien‑être du pays.

Le vizir est beaucoup plus qu'un premier ministre; nommé par Pharaon, il est son bras droit dans tous les domaines de la vie quotidienne: justice, écono­mie et finances, administration centrale, construction, armée, etc. Les titulaires de ce poste écrasant, sont des hommes remarquables, amoureux de Maât et sou­cieux du bonheur de la population.


Le chef suprême de l'administration est Pharaon, qui délègue une grande partie de l'exécutif au vizir, lequel est secondé par les directeurs des principaux secteurs, la justice (les « six grandes cours »), l'économie (« le Double Trésor »), l'agriculture (« le Double Grenier »), etc. La construction des temples est en charge d'un « directeur de tous les travaux de Pharaon », qui peut être le vizir lui‑même. On notera aussi l'importance des chefs de province, dont la saine gestion est l'une des clés de la prospérité du pays.

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